L’expert maritime rochelais Philippe Joneau propose le « diagnostic sécuritaire » développé par son confrère Stéphane Cerdan : le contrôle rapide de quelques points de sécurité des navires de moins de 10 mètres pour sécuriser une vente de particulier à particulier
Le bilan technique automobile, tout le monde y passe. Dans l’immobilier, le sujet c’est le diagnostic énergétique préalable à la transaction. Et pour les bateaux de moins de 10 mètres ? Dans les ventes de particulier à particulier, il n’y a pas de filet de sécurité, l’acheteur signe pour la beauté de l’objet sans parfois même vérifier si la barre est fonctionnelle.
On vous l’accorde, cette vision des mutations de propriété à flot est caricaturale. Et cependant, même sans aller jusqu’à l’excès, les statistiques des avaries disent qu’entre l’absence de contrôle préalable à la vente et une expertise en profondeur comme il en existe pour les embarcations de plus de 10 mètres, une niche existe.
Le Système national d’observation de la sécurité des activités nautiques enfonce ce clou. Il dénombrait en 2021 près de 800 avaries de moteurs et de gouvernails, sur les 1 200 faits générateurs d’assistance de voiliers. Avec les bateaux à moteur, le tableau était plus sombre encore, avec 1 700 assistances tenant aux mêmes causes pour 2 000 sorties des secours. Prévenir plutôt que guérir
C’est dans cette faille que l’expert maritime bordelais Stéphane Cerdan et son confrère rochelais Philippe Joneau insèrent leur « diagnostic sécuritaire ». Cette évaluation est au bateau ce qu’est le diagnostic automobile, mais avec la contrainte réglementaire en moins. L’option s’offre au vendeur comme à l’acheteur pour sécuriser la vente.
Lancé il y a un an, ce « Bateau bilan » commence à essaimer dans les 14 ports où Stéphane Cerdan a trouvé un correspondant pour mettre en œuvre son principe et l’application qui balise le contrôle, laquelle permet aussi au propriétaire d’actualiser les mises à niveau qu’il réalise. Pour Philippe Joneau, « c’est d’autant plus nécessaire que les ventes de bateaux d’occasions augmentent, de plus de 40 % entre 2019 et 2020 », détaille l’ancien propriétaire de chantier naval.
« Mais il ne s’agit pas d’une expertise », prévient Stéphane Cerdan, soucieux de rassurer les confrères que risque d’inquiéter cet examen technique d’une embarcation. Il précise : « dans le cas du diagnostic nous examinons le bateau à flot. Nous consacrons 1 h 30 environ à différents points de sécurité, l’état du mouillage, de la coque, les vannes, les passe coque (NDLR : entrées et sorties d’eau dans la coque), un coup d’œil au moteur et un point sur les papiers administratifs. À l’inverse, pour une expertise, l’acheteur mandate l’expert qui met le bateau au sec et passe en revue 450 points de contrôle. » Une facture de près de 300 euros pour un diagnostic, multipliée par trois dans le cas d’une expertise.
« C’est vrai que le sujet effraie certains experts maritimes, confirme Bruno Voisard qui le suit de près à la Fédération des industries nautiques. Mais c’est un bon sujet, il permet de gagner en visibilité. En revanche, il ne faut pas donner l’impression que le diagnostic sera imposé, il s’agit de ne pas tomber là-dedans. » « Le sujet, ajoute Stéphane Cerdan, c’est éliminer de simples problèmes qui, non traités, pourraient avoir de graves conséquences. »
Philippe BAROUX - Journal Sud-ouest du 18 juillet 2023.
Sud-ouest.
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